Affûté, le regard limpide et le
pied juste, Gignac foule la pelouse du Vélodrome pour cette 6e
journée de championnat. L’occasion est belle pour Gignac et ses coéquipiers d’enchainer
une 4e victoire de suite, et ainsi réaliser une très belle entame de
saison malgré deux premières journées en demi-teinte.
Dès le coup d’envoi le ton est
donné, les Marseillais, Gignac en tête, tentent un pressing très haut sur des Rennais regroupés, très efficaces dans la défense dans leurs 30 derniers mètres.
On sent que le système de jeu de Montanier est très clair : attendre et
contre-attaquer. Ce qui se produisit avec deux énormes occasions pour Ntep à
la 6e et 12e minute de jeu. Sur la première occasion,
nous avons enfin retrouvé Mandanda, l’alerte enlèvement peut être retiré.
L’OM
dans tout cela ? En direct, on aurait pu penser que la première mi-temps
était Baupienne et sans aucun intérêt. Oui, on s’habitue vite au bon et revoir
une prestation moyenne amène souvent notre jugement à exagérer un petit peu. En
effet, lorsqu’on regarde à nouveau le match, à tête reposée, on s’aperçoit que
la première mi-temps n’est en rien dégueulasse, mais qu’il manque de l’huile au
rouage. Le pressing est toujours excellent et réalisé de manière collective la
plupart du temps, ce qui entraine une récupération du ballon assez rapidement.
C’est là où le bât blesse,
techniquement on était présent vu qu’on a réussi 25 centres en première mi-temps,
ce qui est énorme. On ne peut pas dire qu’on a péché par technique, ni que
notre jeu s’apparente à un hommage à notre ère Baupienne. Déjà aurait-il fallu
que nous fassions des centres… Sauf que voilà, notre jeu était redondant puisqu’on
passait exclusivement sur les côtés, surtout le côté droit, sans chercher d’autres
alternatives comme l’axe et Payet, mais en plus nos ailiers ne faisaient rien.
Thauvin et Ayew furent les deux pires joueurs de cette première mi-temps, et c’est
par eux qu’on a insisté pour trouver la solution. Où est la logique ?
Logique encore plus introuvable quand les autres flops de la première mi-temps
étaient Mendy et DDD. Le premier trop timide, le second trop mauvais. A partir
de là, notre tactique de jeu n’avait aucun sens et terminer cette première
mi-temps avec 0-0, sans être un hold-up, était bien heureux.
Au retour des vestiaires, le jeu
a changé, les modifications ont été faites. Payet a été plus recherché, on a
enfin retrouvé la colonne vertébrale Romao-Imbula-Payet avant d’éclater le jeu
à droite, à gauche ou au centre. Faire ça a permis de mieux contourner un bloc
rennais excellemment mis en place. Ce n’est pas jeter des fleurs à nos
adversaires du jour que de dire ça. Rennes n’a pas le plus beau de L1, et de
loin, mais tactiquement ils maitrisent parfaitement leur potentiel. Ils seront
très durs à contourner, maitriser. Puis Ntep fera la différence en
contre-attaque…
Pour revenir au match, si en
première mi-temps des individualités ont flanchées, en seconde mi-temps on a vu
un collectif, et peu importe les failles individuelles, il y avait ce rouleau
compresseur qui attaquait et défendait ensemble. Le bloc rennais a volé en
éclat à la 50e sur un magnifique but de Gignac, après une claquette
manquée de Courtois.
Là, on observe une nouvelle
différence avec l’ère Baupienne. On sent que le match est relativement indécis
à partir du premier but et que Rennes se décide enfin à jouer au football. Sous
l’ère Baupienne, on aurait mis le bus et attendu, priant de tenir ce foutu 1-0.
Cela semble fini, l’OM a continué à attaquer, quitte à se faire peur avec un
nouvel arrêt de Mandanda face à Ducouré. Mais cette volonté de toujours
attaquer a payé avec, à la 63e
un second but de Gignac d’une superbe feinte de frappe, contrôle, petit filet
aux 20 mètres. Sublime.
Gignac semble être plus en forme
que jamais, et meilleur face à la concurrence saine d’un Batshuayi qui n’attend
qu’une chose : qu’on lui laisse sa chance. Gignac se booste et c’est l’institution
OM qui en récolte les fruits.
Avis perso : Je suis de ceux
qui s’en foutent éperdument de qui joue sur la pelouse. J’en ai strictement
rien à battre que ce soit un tel ou un tel qui joue, un tel ou un autre qui
marque. Je ne voue de culte à aucun des joueurs, je voue un culte à l’OM. Le
reste n’est que blabla. Evidemment que j’apprécie voir NKoulou revenir à son
meilleur niveau ou un Morel des plus fringants dans son nouveau poste. Mais un
jour, ils partiront, le souvenir restera (bon ou mauvais), et l’institution OM
continuera. Il n’y a que l’OM qui vaille à mes yeux.
Pour revenir au match, Bielsa a
transformé cette équipe. Avec les mêmes 11 joueurs que l’an dernier, il fait
des miracles. Hier Margotton a mis en parallèle les 4 victoires de l’OM avec la
série de 6 victoires de Baup. Et après, c’est moi qu’on traite de footix, mais
il n’y a juste aucun rapport. Avec Baup, les 6 victoires se sont faites dans la
douleur et un but tout heureux de Gignac (Montpellier ou Rennes, par exemple)
en toute fin de match. Là, on joue et on imprime notre rythme. On est maitre de
notre jeu et le résultat n’est que la résultante de notre façon de jouer. La
différence est très importante pour passer à côté. Bref, l’OM, même à 2-0 à
continuer à ouvrir le jeu, produire du spectacle.
Dans les arrêts de jeu, l’OM
obtient un coup-franc au 45 mètres rennais. Là, où il est d’usage calmer le jeu
et attendre patiemment la fin du match, on a profité de l’égarement rennais
pour jouer très vite le coup-franc et partir en contre-attaque. Faute d’Armand
sur Payet, coup-franc et but d’Alessandrini. Le football se joue sur des
détails, mais celui-ci explique mieux qu’un autre la façon qu’à Bielsa de concevoir
le football.
Conclusion, il ne faut pas s’enflammer,
car le championnat ne nous a pas délivré toutes ces histoires. Toujours est-il
que cet OM, sans Europe et le moral gonflé à bloc, semble armé pour nous livrer
de belles histoires tout au long de la saison.